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A la Une | Almanach des TRADITIONS | Février

Février

Les petits santons regagnent la boite de carton. Fin de la période de Calendo, c'est la chandeleur et le temps des crèpes, symbole solaire...

• 01 décembre 2012 - Par Alan Salvat

Les prénoms provençaux du mois
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3 Blaise - Blase
4 Véronique - Verounico
8 Jacqueline - Jaumelino
12 Félix - Fèlis
15 Claude - Glaude
17 Alexis - Alèssi
24 Modeste - Moudeste
28 Romain - Rouman

Les dictons
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"A la candelouso, lou loup sort sa paio. Se fa seren, l'estremo, e sort plus de quaranto jour."
"A la chandeleur, le loup sort sa litière. S'il fait beau, il la rentre, et il ne sort plus de quarante jours."
(le temps va se mettre au froid s'il fait beau pour la chandeleur)

"Pluejo de fébrié vau dou fumié"
"Pluie de février vaut du fumier"

La chandeleur
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Voici arrivé le mois de février et la Chandeleur, Il est temps de défaire la crèche et tous les santons regagnent leur boite de carton...
La chandeleur, c'est également les crêpes (lei crespèu) qu'on lance dans les airs pour les retourner avec ou sans la pièce d'or en main (jaune comme le soleil, aussi...)...
La crêpe c'est le symbole du disque solaire, c'est le renouveau de la lumière, les jours qui augmentent l'approche du printemps (cf le smiley qui vous cligne de l'oeil en tête de chapitre Février) ...
C'est aussi d'après la Loi mosaïque (loi de Moïse), les relevailles, la purification jusqu'à 42 jours après la naissance.
Cette fête nous vient d'orient, l'église catholique l'a reprise depuis le Ve siècle pour remplacer les rites païens. Elle se caractérise par une procession aux chandelles d'où l'origine du nom. La lumière de la chandelle symbolisant l'enfant Jésus "lumière des nations".

origines antiques
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Il est intéressant d'interroger l'Antiquité et les fastes dont les Romains entouraient cette période de l'année. Les coïncidences avec notre chandeleur chrétienne sont troublantes. Lors des Calendes de février, on illuminait la ville de flambeaux en l'honneur de la mère du dieu Mars, Junon ou Februa. Un jour était appelé "dies lampadum" (jour des flambeaux) lors des fêtes de Cérès. Les Romains fêtaient ausi le dieu Pan aux cours des lupercales.. Il a été émis dès le VIIe siècle que la fête des Chandelles avait été instituée par l'Eglise pour se substituer aux rites païens des lupercales...

Traditions diverses
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En Provence, il était d’usage d’aller faire bénir une chandelle, puis on rentrait chez soi avec la chandelle allumée...On tremblait à l’idée que la chandelle s’éteigne avant d'être rentré, le présage en eut été catastrophique. La maîtresse de maison faisait le tour de chaque pièce et devant chaque porte et fenêtre elle marquait son passage d'une croix effectuée avec le noir de fumée sur les ouvertures. La maison devenait ainsi un lieu à l’abri de la foudre. Le cierge était posé sur la table de nuit près du lit conjugal et allumé lors de chaque orage, également pour guérir les maladies, et aussi pour chasser les esprits malfaisants et le mauvais sort éventuel ; Elle devait aussi aider lors des accouchements difficiles ou pour toutes sortes de situations critiques.
Le mois de février est aussi le mois de Saint-Blaise, ce saint guérisseur qui est très populaire en Provence. Saint-Blaise était évêque de Sébaste en Arménie, il fut martyrisé sous le règne de Dioclétien et mourut suspendu à un poteau, où il eut les chairs labourées avec un peigne à carder le chanvre (la cruauté et la violence ont existé à toute époque). Il avait marqué les esprits en guérissant de son vivant, miraculeusement un enfant qui venait de s'étrangler avec une arête de poisson. Saint-Blaise pris deux cierges de la chandeleur que la mère tenait dans ses mains. Il les posa en croix sur la gorge de l'enfant qui guérit. Saint-Blaise est entre autres, le patron des cultivateurs dans beaucoup de localités provençales : dans les Alpes-Maritimes on allumait deux cierges de la chandeleur, bénis, et on guérissait les personnes atteintes de maux de gorges en croisant les cierges sur la partie du corps souffrante. Aujourd'hui la Saint-Blaise est fêtée le dernier dimanche de Janvier à Valbonne prés de Grasse. Le Saint patron des agriculteurs préside aux fêtes traditionnelles : procession du Saint après la messe puis bénédiction de la vigne, des oliviers et des produits de la terre. C'est l'occasion de réjouissances populaires, concours de vin d'orange, de produits de confection artisanale, de fêtes avec chants et danses folkloriques et la traditionnelle danse de la souche où l'on invoque Saint-Marc pour que croisse le blé et la vigne sur notre terroir... « L’escolo felibrenco dóu servan » anime ces festivités traditionnelles.
Les relevailles des femmes accouchées en Provence : Au retour de l'église ou la mère avait été purifiée, le nouveau-né était placé dans son petit berceau. Jusque là on avait craint les mauvais esprits qui rôdaient auprès de la mère et qui auraient pu tourmenter l'enfant. La sage-femme, apportait un cadeau qu'elle offrait à l'enfant le jour des relevailles, confectionné par ses soins et destiné à le prémunir des maléfices c’était une sorte de sac porte bonheur... Lorsqu'un nouveau-né éternuait, on s'empressait de dire "Saint Jean!" (sous-entendu, te bénisse!) Tout le monde savait que l'enfant avait fait un très gros effort pour se délivrer des mauvais génies. La femme pouvait alors recommencer à sortir et recevoir.
Février c'est aussi le carnaval, la fin du carême, la fête parfois sans retenue, tout y est permis... C'est au siècle dernier en 1830 que le Carnaval de Nice commence à s'organiser. De nos jours, c'est un grand spectacle, on y vient du monde entier... Mais la fête populaire, la vraie... est absente. Alors que dans plusieurs petits villages, on s'amuse réellement, c'est le cas à Mouans-Sartoux, entre Cannes et Grasse où le roi Caramentran est brûlé dans la liesse populaire, après avoir été jugé en grandes pompes, à l'issue de la journée où grands et petits ont bataillé et dansé dans la joie. Mais depuis peu à Nice dans les quartiers populaires il y a une sorte de renaissance des traditions et l'on voit les gens sortir spontanément dans la rue, c'est aussi le cas à Grasse où le groupe folklorique des Baïsso Luserno (lucioles) invite les citoyens à se costumer en bourreaux, sorcières, arlequins et batailler avec de la farine, des confetti, voire des oeufs... Le défilé se fait dans les rues de la vieille ville et se termine sur le Cours, il y a de plus en plus de groupes costumés qui participent et ce carnaval populaire et traditionnel revit à Grasse avec les boufetaïres, au son des fifres et tambours qui vibrent à l'unisson des coeurs!

La recette
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Les ganses (lei ganso)
(les oreillettes)

5 oeufs, 1 verre à moutarde d'eau de vie, 1 verre d'eau de fleur d'oranger, 1 verre d'huile d'olive, 1 kilo de farine.
Pétrir et faire une boule, diviser en 6 boules, laisser reposer 1 heure sous un torchon. Allonger la patte très fine, couper des losanges de 8-10 cm que l'on jette dans la bassine de friture très chaude. Mettre à égoutter sur du papier absorbant. Servir dans un plat après avoir saupoudré de sucre en poudre fin ou de sucre glace.


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